‘Dieu vous appelle…’
Trois mots néerlandais, ‘God roept u’ (Dieu vous appelle) brillent dans des néons bleus sur la ligne du toit de la Samaritan’s Inn (l’Auberge du Samaritain), à côté des mots ‘Jesus loves you’ (Jésus vous aime) dont nous avons parlé la semaine dernière.
Signifiant ‘Dieu vous appelle’, ces mots étaient visibles pour tous ceux qui entraient et sortaient de la Gare Centrale d’Amsterdam depuis la deuxième Guerre mondiale, anciennement peints sur un fond en bois. Car le bâtiment de Jeunesse en Mission, où ma femme et moi vivons désormais, a été pour la plus grande partie du siècle dernier, le siège national de l’Armée du Salut, ou Leger des Heils.
Construit à l’origine sous le nom de Grand Hotel Prins Hendrik, en 1896, sept ans après l’ouverture de la Gare Centrale, les familles et les voyageurs pouvaient y passer la nuit pour un florin et cinquante centimes, petit-déjeuner compris. Lorsque les premières voitures sans chevaux ont commencé à apparaître sur les routes, l’hôtel fut acheté par l’Armée du Salut qui avait commencé à travailler aux Pays-Bas, en 1887.
Au début, « l’Armée » fit face à une opposition verbale et physique, aussi bien de la presse chrétienne que séculière, à cause de leur évangélisation et de leurs services peu orthodoxes. Leur langage « terre-à-terre » et leur volonté d’éviter les sacrements du baptême et de la communion, en tant que causes de trop de divisions, ont amené beaucoup de personnes à croire qu’ils étaient « une ruse du diable pour discréditer l’Evangile ». Les premières réunions à Amsterdam furent perturbées par des bandes indisciplinées.
Les attitudes ont toutefois changé lors de l’hiver très rude de 1890-91, lorsque « l’Armée » installa des refuges pour les sans-abris, avec des soupes populaires et une distribution de nourriture. Dans six salles différentes de la ville, des soldats de « l’Armée » ont accueilli des milliers de personnes lors de soupers de Noël.
En 1910, lors de la dernière de ses nombreuses tournéesde prédication aux Pays-Bas, le fondateur de l’Armée du Salut en personne, le Général William Booth (voir photo), visita le Grand Hotel Prins Hendrik, désormais acquis en tant que centre de commandement de l’œuvre nationale de l’Armée. Son emplacement de choix renforça la visibilité de la présence de l’Armée dans la capitale et dans la nation entière, reflétant le respect croissant et l’influence de ce qui a commencé sous le nom de The East London Christian Mission (La mission chrétienne de Londres-Est) en 1865.
Pendant l’occupation nazie des Pays-Bas, « l’Armée » fut interdite. Le bâtiment fut réquisitionné par les envahisseurs en tant que bureau des superviseurs nationaux des syndicats. Après la guerre, l’Armée reprit possession du bâtiment, rétablissant l’emblème et la devise, ‘Bloed en Vuur’ (Sang et Feu), sur la ligne de toit et au-dessus des mots du troisième étage ‘God roept U’. Des messages d’espoir audacieux sont encore visibles sur les bâtiments de la Leger des Heils dans tout le pays, tels que Twijfel niet, God is er (Ne doutez pas, Dieu est là).
Lorsque Jeunesse en Mission racheta ce bâtiment en 1980, (ma femme, en tant que présidente du conseil, signa pour cela), ce ne fut pas directement de Het Leger. Pendant une dizaine d’années, il était squatté par divers groupes, allant des toxicomanes aux membres de la secte des Enfants de Dieu. Floyd McClung, le dirigeant de Jeunesse en Mission à l’époque, reprit le vieux message de l’Armée du Salut et écrivit une brochure : God roept Amsterdam. Amsterdam était autrefois une ville avec beaucoup d’églises et de monastères, une ville de refuge pour les Juifs ibériques, pour les Huguenots, pour les Pères pèlerins, mais maintenant, cette ville de tolérance est devenue célèbre pour toutes les mauvaises choses : la drogue, la prostitution et l’anarchie, écrivait-il. Pourtant, Dieu a toujours appelé Amsterdam et les Amstellodamois à revenir à lui, à son amour, à ses desseins, écrivait Floyd.
Au cours des quatre décennies qui se sont écoulées depuis, de nombreuses prières de l’époque se sont accomplies. La Zeedijk, qui commence à gauche du bâtiment, jadis une zone dangereuse même pour la police, a été nettoyée de la lie du trafic de drogue ; et Amsterdam a maintenant un bourgmestre qui veut faire fermer le quartier rouge, accessible par la ruelle à droite du bâtiment. Un magazine national séculier de premier plan a récemment publié un article intitulé« Fermez les fenêtres ! », dans lequel il était écrit : «Le moment n’est-il pas venu d’arrêter définitivement (le quartier rouge) ? L’argument selon lequel les femmes y trouvent là un environnement de travail sûr est une absurdité! »
Beaucoup plus d’églises sont activement engagées aussi bien dans la prédication de l’évangile que dans le partage de l’amour de Dieu, de manière pratique, à Amsterdam que lorsque Floyd déplorait le manque de témoignage efficace et unifié.
Et pourtant, le message ‘God roept U’ reste valable pour Amsterdam, pour les Amstellodamois, pour les touristes et, en fait, pour nous tous. Trop souvent, nous sommes devenus sourds à son appel : revenir à lui, à son amour, à son pardon, à sa guérison, à ses desseins, à son shalom.
Que les nombreuses prières faites par des générations de membres de l’Armée du Salut, de Jeunesse en Mission et par d’autres, pour que l’appel de Dieu soit entendu dans cette ville, continuent d’être exaucées.
Jeff Fountain
Directeur du Centre Schuman
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