De la parole aux actes
Durant le mois de juillet, le Centre Schuman republie le projet de livre-cadeau illustré de Jeff Fountain visant à promouvoir la conscience de la centralité de l’influence de ce livre sur notre style de vie et de pensée occidentale.
COMPASSION ET DEVELOPPEMENT
Il existe aujourd’hui dans le monde plusieurs millions d’ONG, reconnues comme des acteurs-clés du troisième secteur, dans les domaines de l’aide humanitaire, de l’environnement, des droits de l’homme, de la migration, des réfugiés, de la traite, de la consolidation de la paix, de l’assistance et du développement.
Selon des sources des Nations Unies, certaines ONG auraient des budgets supérieurs à ceux de certains pays donateurs de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE) tels que : World Vision (2.5 milliards d’euros), Save the Children (1,23 milliard d’euros), Oxfam et Médecins Sans Frontières (toutes deux autour de 1.1 milliard d’euros) et Catholic Relief Services (720 millions d’euros)[chiffres de 2011].
Quelle influence pouvons-nous retrouver de la Bible, aussi bien dans la création que dans la motivation de telles organisations ? Tant les ONG séculières que religieuses sont des entités morales, défiant des situations injustes et inéquitables. Les ONG religieuses reconnaissent ouvertement leur obligation envers le divin et envers les humains créés à l’image de Dieu.
Les agences séculières ont généralement pour objectif de promouvoir les droits de l’homme. Comme nous l’avons déjà expliqué, bien que le concept des droits de l’homme soit souvent considéré comme non religieux, quel fondement permet-il de reconnaître la dignité et le caractère sacré de la vie humaine, dont découlent les droits de l’homme, sans la compréhension biblique des êtres humains reflétant l’image de Dieu ?
Alors que d’autres organisations sans but lucratif telles que les universités, les clubs sportifs et les syndicats existent pour l’intérêt de leurs membres, les ONG sont fondées sur des valeurs et existent pour servir les autres : les défavorisés, les nécessiteux, les délaissés et les démunis. Bien que la plupart des ONG séculières et religieuses non chrétiennes n’aient vu le jour qu’au cours des dernières décennies, les œuvres de compassion ont une histoire de plusieurs siècles, dans la tradition chrétienne.
Au cours du Moyen-Âge, les monastères et les ordres se sont souvent spécialisés dans divers types de ministère auprès des pauvres, des défavorisés, des victimes de violence, des malades et des prisonniers. Des exemples de saints, comme Saint-Martin et Saint-François, souvent représentés dans des vitraux, rappelaient autant au clergé qu’aux laïcs, les six œuvres de miséricorde (Matthieu 25) – pour les affamés, les assoiffés, les malades, les sans-abris, les prisonniers et les personnes dans le dénuement – et que les brebis et les boucs seraient séparés sur base de tels actes de compassion.
Dans les pays de la Réforme, les diacres et les diaconesses ont continué de tels ministères avec des conseils municipaux assumant certaines responsabilités en matière de bien-être social, tels que les orphelinats et l’hébergement des veuves.
Le réveil méthodiste du 18ème siècle, en Grande-Bretagne, éveilla une conscience sociale nationale et donna lieu à de nombreuses initiatives nouvelles en réponse aux défis sociaux de la Révolution industrielle. A la suite de son combat fructueux afin de proscrire la traite des esclaves (1807), après sa conversion au Christianisme, William Wilberforce cofonda la Société pour la prévention de la cruauté envers les animaux, la SPCA (1824).
Au cours du siècle suivant, nombreux sont ceux qui, poussés par leur foi chrétienne, établirent des mouvements volontaires en faveur du bien commun, notamment Henri Dunant (La Croix Rouge, 1863), George Williams (UCJG, 1844), Florence Nightingale (soins infirmiers), Elizabeth Fry (réforme des prisons), et William et Catherine Booth (l’Armée du Salut, 1865). Le Save the Children Fund (SCF, 1919) fut fondé par l’institutrice Eglantyne Jebb, horrifiée par le traitement réservé aux enfants, par les Alliés, dans les nations vaincues de la Première Guerre mondiale, selon ses propres mots, après «que me soit apparu le visage du Christ ».
Les ravages et les bouleversements causés par la guerre ont favorisé la naissance de nombreuses nouvelles agences pendant et après la Seconde Guerre mondiale, notamment Catholic Relief Services (1943), Christian Aid (1945) et World Vision (1950). En 1947, deux organisations de la Société religieuse des Amis (quakers) ont conjointement reçu le Prix Nobel de la Paix pour leur service humanitaire et leur dévouement à la paix et à la non-violence.
Après la Seconde Guerre mondiale, l’Article 71 de la Charte des Nations Unies (1945) avait fait de la place pour une nouvelle entité, ‘l’organisation non-gouvernementale’, avec laquelle ses divers organismes comme l’UNESCO (Organisation des nations unies pour l’éducation, la science et la culture) et l’OMS (l’Organisation mondiale de la santé) auraient des relations consultatives. Un certain nombre de mouvements et d’organisations existants, certains ordres religieux laïcs et des mouvements de missions protestantes, ont été ‘réincarnés’ en tant qu’ONG afin de nouer une relation formelle avec l’ONU pour servirune mission publique.
Ce n’est cependant qu’à la fin de la Guerre froide et la chute du communisme que le climat devint favorable pour que les ONG se multiplient au niveau mondial. Sur les terres soviétiques, où le contrôle de l’Etat athée était total, les ONG étaient illégales. Les concepts de volontaire et d’organisation bénévole n’existaient tout simplement pas dans l’esprit soviétique. Une décennie après la fin de l’Union soviétique, au moins 65.000 nouvelles ONG avaient été enregistrées en Russie.
Historiquement, les organisations et les mouvements existant pour promouvoir un certain bien public, ont été des réponses à la Règle d’or ‘d’aimer son prochain’. Aujourd’hui, plus de deux tiers de toutes les organisations non-gouvernementales religieuses opèrent sur base des postulats bibliques. Même si les Musulmans sont cent fois plus nombreux que les Juifs dans le monde entier, le nombre d’agences juives est à peu près équivalent au nombre d’agences musulmanes.
Les religions mettant l’accent sur la charité, la responsabilité personnelle et l’initiative individuelle sont plus susceptibles de créer des ONG que celles ayant des spiritualités fatalistes, d’un autre monde et de repli sur soi. Bien que diverses religions souscrivent à la valeur de la compassion (le Coran parle à plusieurs reprises ‘d’Allah le Compatissant’), historiquement, les personnes qui se sont inspirées de la Bible, ont toujours su traduire des mots en actes.
Jeff Fountain
Directeur du Centre Schuman
Pour plus d’articles de Jeff Fountain, consultez www.weeklyword.eu/fr.
Cet article comporte 0 commentaires