Examiner nos cœurs
Une indignation mondiale contre le racisme déclenchée par le meurtre public de George Floyd révèle une frustration ample et profonde concernant l’injustice systémique. Des protestations en Australie et en Nouvelle-Zélande, en Grande-Bretagne et en France, aux Pays-Bas et en Allemagne, en Italie et en Irlande, au Canada et au Brésil, n’ont pas seulement exprimé la solidarité avec les Afro-Américains mais ont mis en évidence des tensions dans leurs propres sociétés multiculturelles.
Peu parmi nous nous arrêtons pour examiner nos propres présuppositions concernant l’égalité raciale, ou nous demandons pourquoi nous devrions être contrariés avec ceux qui croient en la suprématie blanche, par exemple, étant donné que nous sommes censés être les produits d’un processus garantissant la survie du plus fort. Pourquoi devrions-nous nous plaindre au sujet d’une race prenant le dessus sur l’autre ?
Peut-être que ce tollé apparemment universel reflète la ‘grâce commune’, où l’Esprit de Dieu est à l’œuvre dans la société en dehors des murs de l’église. Ou encore un autre exemple de la manière dont les instincts des sociétés de plus en plus incertaines face aux revendications du Christianisme restent irrémédiablement chrétienne, comme Tom Holland le révèle dans son ouvrage révélateur, Les Chrétiens, comment ils ont changé le monde, sur la manière dont le Christianisme a façonné la pensée occidentale. (Rejoignez-nous ce mardi pour une discussion avec Tom sur ce que The Guardian décrit comme ‘un sondage absorbant des origines subversives du Christianisme. Voir ci-dessous).
Car d’où vient notre sens d’injustice ? D’où les petits enfants reçoivent leur intuition bien affinée d’équité, incitant leur cri : « ce n’est pas juste ! » ? La réponse de Paul, écrite aux Romains, est que Dieu a donné à chacun d’entre nous un compas moral, une conscience, qui nous laisse sans excuse lorsque nous faisons des mauvais choix. Ce compas moral collectif, ce sens commun de justice, exige que les choses changent dans la société.
Il y a peut-être une expression d’émotions refoulées après des mois de confinement, la chance de se mêler à nouveau à la foule. Ou une réponse à la xénophobie accrue et au nationalisme toxique que la crise du CoVid-19 a relâché alors que des Chinois, d’autres Asiatiques et étrangers en général ont été attaqués verbalement et physiquement, comme boucs émissaires de quelque chose dont ils ne sont pas responsables en tant qu’individus.
Vie prospère
Cependant, c’est une chose de savoir contre quoi protester. C’est une autre de savoir quelle vision pour la société, pour notre nation, pour le monde, soutenir. Cette semaine, je lisais un livre sur la nécessité pour la théologie de récupérer son rôle de promouvoir une vision positive de la vie, lorsque j’ai lu le passage visionnaire suivant :
« La corruption et l’injustice de notre monde requièrent une réponse plus théologique. L’urgence de ces questions, du nombre de morts de noirs Américains aux mains des officiers de police (c’est moi qui le souligne), aux foules de migrants délogés et pourtant indésirables, à la détresse de ceux travaillant dans les ateliers clandestins sous la main oppressive de chercheurs de profit sans scrupules, au fossé toujours grandissant entre riches et pauvres, met en évidence la nécessité d’une théologie capable d’articuler des visions de la vie vraiment florissante qui vont nourrir un engagement politique intellectuellement transformatif. »
Miroslav Volf et Matthew Croasmun, du Yale Center for Faith and Culture (Centre Yale pour la Foi et la Culture), argumentent dans ce récent livre, ‘For the life of the world’, que les théologiens doivent réorienter leur travail vers l’aide au personnes pour découvrir comment vivre des vies prospères avec les autres dans ce monde. La théologie s’est largement éloignée de ce qui a le plus d’importance : la vraie vie dans la présence de Dieu, sous le règne de Dieu, dans le royaume de Dieu. Ils font appel à une réflexion profonde de la direction de la théologie.
Pour nous tous, théologiens ou pas, ceci est une saison qui nous appelle à un examen profond de nos attitudes de cœur, de la direction de la vie et de la vision pour la société.
La mort de George Floyd nous appelle à examiner nos cœurs face au racisme latent. Ceci n’est pas un problème exclusivement américain. En fait, selon une Recherche Pew, les Européens ont un problème bien plus grand que leurs cousins transatlantiques avec la diversité ethnique. De manière surprenante (pour moi), alors que 58% des Américains croient que la diversité ethnique croissante a fait de leur pays un meilleur endroit où vivre, les Européens ne le croient qu’entre 36% (Suède) à 10% (Grèce), avec les Pays-Bas partageant le classement avec la Hongrie (17% !), dans l’acceptation de la diversité ethnique. De tous les peuples, nous, les Chrétiens, devrions être conscients de la destination de l’église qui deviendra multiculturelle : tous peuples, toutes nations, toutes tribus, toutes langues ! Quelle est donc, par exemple, notre réaction lorsque notre fille ou fils nous présente quelqu’un d’une autre ethnie comme partenaire de vie éventuel ?
Europe post-corona
La crise du corona nous force tous dans l’église au niveau mondial et ici en Europe à nous demander à quoi l’église, la société et les missions devraient ressembler dans un monde post-corona. Jason Mandryk, auteur de Operation World, nous a fait une énorme faveur en compilant un livre gratuit en ligne sur l’impact et les implications de la pandémie du CoVid-19 pour l’église, les missions et sociétés mondiales en général. Ceci est une ressource à étudier ensemble, au sein de nos équipes de responsables, alors que nous commençons à comprendre que 2020 est l’année lorsque TOUT a changé !
Examinons nos cœurs.
Jeff Fountain
Directeur Centre Schuman
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